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Les particularismes des Pyrénées

Publié le par baladesenpyrenees

 

Les Pyrénées sont constituées de trois grands particuarismes : une kyrielle de trois mille, un pays de lacs et un animal emblématique qui embarrase : l'ours.

 

Tout d’abord la chaîne compte 212 trois mille en 11 massifs différents, du Balaïtous et pics de l’Infern, le premier à l’ouest au massif du Montcalm et de la Pique d’Estats le dernier à l’est. Au centre l’Aneto culmine en Aragon avec 3404 m, suivi du Posets à 3375, puis du Mont Perdu à 3355, première montagne calcaire d’Europe. On y trouve dans ses failles les plus hautes grottes glacées d’Europe, découvertes par Norbert Casteret.

Ces 3000 ont été à la mode dès le XIXe siècle quand Louis Ramond de Carbonnières, Henri Brulle, Henry Russell, les frères Cadier, Franz Schrader ont décidé de « savoir à la fois ascensionner, sentir et écrire », selon Henri Béraldi. Ces sommets possèdent encore une boîte aux lettres avec un livre d’or. C’est aussi un art de vivre la montagne aujourd’hui avec pour les randonneurs, des attentes et des comportements à respecter. Dans ces célèbres prédécesseurs, il faut citer Henry Russell pour ceux qui ne le connaissent pas. Ce Toulousain, devenu Palois, a aimé le Vignemale jusqu’à l’excentricité de le louer pour 99 ans à partir de 1889. Il habitait à la belle saison sept grottes qu’il s’est fait tailler dans sa montée : notamment Bellevue ou celle du paradis à quelques mètres sous le sommet de la Pique Longue à 3298 m d’altitude, plus haut sommet des Pyrénées côté français.

Parmi les sommets mythiques pour leurs formes et leurs légendes associées, on trouve le Canigou, montagne sacrée des catalans, phare de 2 784 m de haut pour les marins méditerranéens, le Mont Valier, emblème des Ariégeois du Couserans à 2838 m, le trapèze du Pic du Midi de Bigorre avec son célèbre observatoire sur le soleil à 2 877 m ou l’Ossau, cratère d’un ancien volcan de 11 000 m d’altitude qui s’est érodé en laissant la forme d’une molaire, surnommé le Jean-Pierre aujourd’hui à 2 884 m. Loin de la pollution, du confinement, de la surveillance et du bruit des villes, les urbains viennent chercher la liberté des grands espaces de cette frontière sauvage, à l’heure où les normes européennes, les contraintes, les règlements font que bientôt peut-être il ne faudra plus sortir des sentiers balisés, éviter à tous prix certaines saisons ou certains endroits.

 

Une autre particularité des Pyrénées est d’être le pays des 2000 lacs. Il en existe précisément 2 500 lacs et laquettes, dont les plus célèbres : lac d’Oô (31), lac de Gaube (65) lac du Néouvielle (65), lac d’Ayous (Béarn), lac de la Bernatoire (Aragon/65), lac Bleu du Chiroulet (65). Le plus haut est le le lac Cordier ou de la Maladeta en Aragon qui culmine à 2 950 m ! Les plus grands sont : Le Lanoux (66) Cap de Long (65) et Artouste (64). Les plus beaux sont peut-être le lac Vert (Luchonnais), Les Boums du Port et le lac de la Montagnette (31), le lac Long de Colomers (Encantats/Catalogne), lac de Sant Maurici (Encantats/Catalogne), l’étang Long du Valier (09), l’étang du Laurenti (09) ou l’Etang de la Hillette (09) ou le lac des Bouillouses (66).

Ce qui frappe finalement dans ces paysages, aux formes plus arrondies et plus vertes que les Alpes, c’est qu’elles sont peut-être comme des montagnes féminines, « plus sveltes, plus onduleuses et délicates que les Alpes, elles sont allongées et somnolentes : elles ont l’air de rêver au soleil », comme l’affirmait Henry Russell.

 

Troisième grande particularité des Pyrénées et sujet de polémique : les quelque 25 ours qui la peuplent. En trois ans, entre 2004 et 2007, cinq ont été réintroduits, quatre sont morts. Rares sont les personnes qui ont vu « le moussu » comme on le surnomme. Cela ne m’est jamais arrivé. Dangereuse la bête ? Elle n’a jamais attaqué personne, excepté deux chasseurs armés avec des chiens et puis, bien sûr, des brebis dont elle commet en moyenne 2% des prédations. Les chiens errants en commettent plus, jusqu’à 5%. Mais est-elle si utile que ça dans la sauvegarde de l’écosystème ? C’est peut-être déjà trop tard. Cela a forcé les bergers à faire garder leurs troupeaux par des patous, ces gros chiens blancs du pays, à mettre des enclos ou à faire monter plus souvent des éleveurs pour les surveiller. Le plantigrade divise en tout cas plus que jamais les Pyrénéens. La raison : les Pyrénées, avant tout pays de bergers, est touché de plein fouet par la crise de son pastoralisme. En trente ans, ses produits agro-alimentaires ont eu de plus en plus de mal à se vendre et les hommes à rester entretenir les prés de fauche. Ils n’ont pu alors limiter l’envahissement de la forêt sur les estives. Avec un cheptel de 80 000 brebis sur toute la chaîne, sept races confondues, dont les 3 000 de l’AOC Barèges-Gavarnie, le pastoralisme  cherche une voie de sortie. 

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