Brame du cerf à la cabane de Salode au Burat
Pour faire un article sur le cerf, autant aller directement le rencontrer.
Lundi 10 octobre au soir, nous sommes au niveau de la cabane de Salode, à plus de 1 500 m d'altitude, sous le pic de Burat, en Haute-Garonne. Frédéric Uberall et Georges Gazo, deux agents de l'ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage) de Haute-Garonne m'accompagnent en me donnant des explications. Ils jumellent tout de suite. Dans l'œilleton, on aperçoit la bête aussi grosse que si elle était devant nous. Est-ce son port altier, sa haute ramure qui en fait le prince des bois et donc un être seul et jalousé par les autres animaux ?
Il est 17 h. Un, puis deux, puis trois cerfs apparaissent. Un sort d'un bosquet. Un autre prend pied sur la crête. Un autre se lève sur un mamelon. Une harde d'une dizaine de biches descend du Burat, poussé par le chien du troupeau de brebis. Ça commence à bramer. Cri de défi, rauque et profond, le brame est un marquage sonore et olfactif. Un des cerfs collent aux femelles et continue de gueuler. Excité, il leur tourne autour comme dans une danse.
Quelques biches sortent du sous-bois en dessous de nous, près du troupeau de vaches. Deux d'entre elles commencent à se battre en se dressant sur leurs pattes. Le brame s'amplifie. Il est 18 h 30. Un vent glacial nous enveloppe depuis plus d'une heure. Nous décidons de descendre le vallon, de franchir le ruisseau et de remonter sur l'autre versant pour prendre à revers l'un des cerfs. Ce qui nous fait monter sur scène.
Nous sommes désormais au-dessus des biches, qui, oreilles dressées, sont étonnées de nous voir sur leur terrain. Nous remontons la courbe de niveau sur la gauche pour arriver sur le faîte de la colline. Sur nos gardes, nous arrivons à pas feutrés, presque sur la pointe des pieds, juste dans le silence du souffle du vent.
Huit cors de cerf sortent du sommet. Surtout ne pas lui faire peur. Ne pas lui donner non plus l'envie de nous charger. Nous sommes à une dizaine de mètres de lui. Le cerf commence à apparaître en entier de dos. Il broute. Puis se met à bramer. C'est alors qu'il nous voit, et d'un léger tressautement, le voilà qui prend la poudre d'escampette pour filer une colline plus loin.
Quand nous revenons à la voiture, nous découvrons deux biches curieuses à quelques pas. On se demande qui c'est qui fait vraiment prendre à revers. La nuit nous pousse à partir. Tout le territoire est désormais libre pour le cerf, pour ce temps de rut et de reproduction.