Un observatoire des vautours à Bugarach

La rencontre est pour le moins étonnante. Un premier vautour fauve s’est posé sur la placette d’équarissage naturelle. Puis un second a suivi et rapidement, comme happés par un phénomène d’entonnoir, ils sont une trentaine. Cachés, à l’ombre, nous observons le spectacle depuis l’Observatoire de Bugarach, au niveau du parking du pont romain. C’est le premier observatoire de rapaces de l’Aude.

En un quart d’heure, les charognards ont nettoyé la brebis. “Ils peuvent arriver de très loin, explique Yves Roullaud, salarié de la LPO (ligue de protection des oiseaux) de l’Aude, spécialiste des vautours. Leur rayon d’action est de 30 à 40 km de l’observatoire jusqu’à 150 km. L’atout de cette placette est de permettre d’observer les quatre espèces de vautours avec le moine, le percnoptère et le gypaète barbu. L’explication est purement géographique. C’est un passage obligé”.

Tout a commencé en 2006, avec réapprovisionnement de la placette d’équarissage, anciennement pour le percnoptère, afin de fixer des vautours fauves. En 2011, deux vautours commencent à nicher dans la falaise de la Falconnière, situé au-dessus de la placette.

“Et nous comptons désormais 51 couples nicheurs, poursuit Yves. En 2015, nous avons décidé de créer, avec l’aide du Département de l’Aude, de la LPO, et des communes de Bugarach et de Couiza, cet observatoire à destination du grand public”.

Il est aménagé de bancs, de tables, de panneaux informatifs et d’une longue-vue fixe, également pour les handicapés et en accès libre. Grâce à un éco-compteur, la fréquentation du site par les observateurs est passée de 5 500 en 2016 à plus de 8 000 personnes en 2017. La colonie va grossissante.

L’opération d’équarrissage s’effectue en partenariat avec 17 éleveurs du secteur. “Ils participent pleinement à la conservation des vautours, source d’économie financière et de réduction de CO2, comparée à la collecte classique de cadavres par camion”. Elle a lieu plusieurs fois par semaine au printemps. Avis aux amateurs.