J'ai testé la cascade de glace du Cambre d'Aze

Publié le 22 Février 2018 par baladesenpyrenees

Sur la droite du cirque du Cambre d’Aze (Pyrénées-Orientales), à dix minutes à pied de montée du télésiège du Mouli, via la piste Petite Fontaine, puis par un sentier discret, à droite, on découvre celle qui capte toutes les attentions du moment : la cascade de glace du Coscoll.

“C’est la seule cascade en condition de toute la Cerdagne depuis fin novembre !”, assure notre guide de haute-montagne, Alain Place, ancien du PGHM (peloton de gendarmerie de montagne) d’Osséja.

“C’est l’équipe de l’espace cambre d’Aze qui l’a pétrifiée en début de saison avec un tuyau d’eau. Les enneigeurs devaient compléter, mais comme il a neigé tout l’hiver… Exposée au nord, elle est vraiment excellente pour l’initiation. D’ailleurs, ses trois voies sont de plus en plus fréquentées”.

Trente-cinq mètres de haut, dix de large. Nous, on en mène moins large, nez en l’air, prêt à rester figé par un torticolis à force de lorgner la technique de notre guide, le temps pour lui de l’équiper, le temps pour nous de se geler sur ce ressaut ombragé, encadré de hauts sapins.

Casque, gants souples et crampons enfilés, je me laisse assurer par Alain Place qui me tend ses piolets galbés, adaptés à la forme de la cascade.

Il conseille : “Comme la glace est dure, ne fais pas d’espacements trop longs. La qualité de la glace joue pour beaucoup”.

Pour jouer au super héros digne d’un Spiderman, il faut bien enclencher ses pointes dans les marches naturelles formées sur la glace. Le temps de regarder où on met les pattes, il faut rapidement penser à s’accrocher le bout des bras dans les moindres fentes. D’un coup ferme uniquement du poignet, du genre souple et non brutal. Parce que sinon, on peut rester un moment à essayer de sortir notre Excalibur de l’interstice où on l’a enfoncée.

Mieux vaut être aussi agile que Sharon Stone avec ses piques à glace dans Basic Instint que Sylvester Stallone dans Cliffhanger. Le temps de s’habituer aux trois premiers enchaînement, on est déjà à cinq mètres de hauteur du départ et plus de dix de mon assureur. Bref, engagé sur cette crème glacée. On se demande comment tout a tenu sans casser. On lève la tête, recherche les prises. On caresse la glace, tout en hissant notre vieille carcasse, attentivement faisant travailler les muscles des omoplates. On passe à côté des trois gougeons mis en place par Alain Place pour faire du fractionnement en hiver et privilégier en été le dry tooling, escalade sur rocher avec du matériel de glaciériste.

La paroi devient moins raide. Tout devient plus rapide. Puis c’est la goulotte d’arrivée avec en bonus un paquet de neige qui nous tombe sur la tête. Je jette un œil en bas, là où les hommes sont devenus des fourmis. L’exercice a dû durer un quart d’heure, vingt minutes.

Comme dit notre guide : “Les gens ont besoin de sortir de l’ordinaire et de goûter à d’autres sensations”. En redescendant en rappel, j’ai le sentiment de mettre laissé pousser des ailes sur la montagne en hiver, d’avoir épousé son galbe, en gravissant mon petit Everest.

Contact : Alain Place, tél. : 06 15 06 16 69 ou www.alpypass.com

Tarif : 300 euros la journée avec ascension d’un couloir du Cambre d’Aze le matin puis de la cascade l’après-midi.

La recommandation : pas plus de six personnes sur le site pour éviter de se gêner et tout accident avec des bouts de glace qui peuvent se détacher.

La photo est de mon compère photographe perpignanais Jean-Christophe Milhet qui illustrera un article sur l'Espace Cambre d'Aze, prévu dans le Pyrénées magazine Rando hiver 2018-2019.