Une expérience de vie primitive dans la haute vallée de l’Aude
La haute vallée de l’Aude a été le théâtre d’une expérience originale et inédite : tenter, pour un groupe d’une douzaine de personnes, de vivre durant un mois, suivant des techniques de vie primitive comme nos ancêtres les chasseurs-cueilleurs de la préhistoire.
L’aventure a été animée, en octobre 2018, par Thomas Bastenti, accompagnateur en montagne dans l’Aude. “Il y a quelques années, j’ai été formé aux États-Unis et en Suède aux techniques de vie primitive, dérivées de l’archéologie expérimentale. J’ai organisé des stages en Belgique. Dans un musée mésolithique en Allemagne, on s’est retrouvé un petit groupe à vouloir vivre cette expérience durant un mois. Notre objectif était de développer une autonomie alimentaire et en itinérance, une autosuffisance en vêtements et constructions”.
Le groupe était constitué de Français, Anglais, Allemand, Norvégien-Finlandais avec deux enfants et un bébé de six lois. Chaque participant a donc apporté de la nourriture stockée depuis plusieurs mois voire un an, que ce soit des baies, des plantes ou de la viande séchée… Chacun est venu avec ses ustensiles en terre cuite et ses objets, mais surtout avec ses vêtements déjà prêts, car tanner trois peaux et les assembler exige un mois en moyenne pour chaque élément.
Tout a démarré sur un terrain de 17 hectares à côté d’une rivière. Dans le camp de base, le groupe s’est construit un abri et a commencé à vivre au rythme de la nature. Un rythme plus lent connecté à la nature et non plus à son téléphone. “Un rythme où il faut protéger sa vie et celle des autres, explique Thomas. Où c’est déjà toute une aventure d’allumer le feu le matin, notamment quand le camp a été trempé. Il faut alors faire corps à plusieurs pour qu’un de nous allume le feu soit par friction, soit par percussion. Notre survie en dépend”.
Si la fin du camp a été perturbée par des centaines de piques de moustiques et d’aoûtats et par les inondations, cette expérience de vie primitive a été marquée par plusieurs moments.
“La première anecdote, c’est quand Werner s’est entaillé le front en coupant une branche. Il a fallu exercer nos soins en premier secours avec de l’amadou. Antiseptique et cicatrisant, il a stoppé l’hémorragie. On a failli cicatriser de la résine de conifère. Mais cela a cicatrisé en trois jours”, ajoute Thomas.
Le moment fort s’est déroulé quand le groupe a décidé de partir en itinérance en montagne. L’environnement a changé. Chacun a dû s’adapter. “Mais cela nous a redonné du baume au cœur, commente Thomas. En marchant un jour, nous nous sommes retrouvés face à un énorme cerf, à moins de dix mètres. Il n’avait pas bougé, peut-être parce que nous étions habillés en peau de bête et que nous ne sentions pas l’homme”.
Les autres moments forts ne manquent pas durant cette expérience. Les soirées autour du feu sont des moments de partage, de chants, de cercles de paroles.
Les journées sont très basiques. Une équipe prépare le repas à l’avance, une autre va chercher de l’eau. Un fabrique un bol, une cuillère ou une paire de sandales. “Et quand tu travailles sur ton objet, tu es concentré, jamais entrecoupé par des messages de portable ou d’internet, tu ne penses qu’à ça, tu es dans le moment présent”.
L'expérience ne sera peut-être pas rééditée à l'automne 2019, mais Thomas Bastenti compte bien organiser des stages de vie primitive.
Pour en savoir plus : www.sentinels4.life ou 07 69 82 14 37