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Bernard Caubit l'ouvreur de chemins des Corbières

Publié le par baladesenpyrenees

Bernard Caubit l'ouvreur de chemins des Corbières

Le Limouxin Bernard Caubit a retrouvé et rouvert d’anciennes voies pédestres dans l’Aude, notamment dans les Corbières et créé ainsi plus de deux cents fiches randos bien classées, qui existaient avant la période classique. 

Quand cet ancien chimiste chez Péchiney puis ingénieur chez le transporteur Keolis a démarré sa retraite à Limoux, il a repéré les anciens axes de communication sur des cartes détaillées de l’Aude. “Quand j’habitais la plaine, je cherchais déjà les vieux chemins. Mon principe, c’est d’expliquer pourquoi il y avait là un chemin”, dit-il. Puis équipé d’un GPS et d’une carte ancienne, ce marcheur historien part bartasser, c’est-à-dire s’enfoncer dans les fourrés et ouvrir des sentiers. 

Sur le territoire de l’Aude les principaux déplacements et échanges commerciaux se faisaient le long du littoral méditerranéen et dans le grand sillon entre Corbières et Montagne Noire. Cependant la traversée du massif des Corbières constitue le trajet le plus court pour aller du col du Perthus au seuil de Naurouze c’est-à-dire du nord-est de l’Espagne aux pays toulousain et aquitain. Les itinéraires anciens qui traversent les Corbières ont pour la plupart une origine protohistorique, avant notre ère, traduisant l’ancienneté des trafics. L’orientation générale des chemins est du sud-est au nord-ouest c’est-à-dire l’axe Perthus/Naurouze. Ils sont toujours sur une crête. Pour les dater, on retrouve des dépôts. Encadrant le massif, dans les deux grands couloirs de circulation, existaient les deux voies impériales, la Voie Aquitaine (1) et la Voie Domitienne (2). Dans l’angle sud-ouest la voie de Toulouse au Perthus passe par le col de Saint Louis (3).

Deux grands chemins existent : Lagrasse-Clermont-l’Algaste au-dessus de Pomas. Et Durban-Villerouge-Termenès-Termes-Limoux. La plupart des tronçons peuvent se coller à de grands itinéraires".

Les Corbières ont vraiment été façonnées par les Romains. Si elles sont devenues romaines, c’est grâce aux vétérans romains à qui on a attribué des terrains. La via Corbiarensis de Couiza à Narbonne servait à drainer les trafics et surtout le minerai vers le port de Narbonne. La grande voie romaine va de Limoux-Couiza, reliant aux extrémités Toulouse à Tolède.

De 414 à 732, les Corbières sont wisigothes, la Montagne Noire et le Seuil de Nauzouze étant la frontière entre le royaume franc et wisigoth. D’ailleurs étymologiquement les masques de carnaval de Limoux qu’on appelle les Goudils, ne seraient-ils pas liés aux Goths pour les ridiculiser ?

Les chemins construits par les moines sont : ceux de Fontfroide à Bages pour la pêche, et celui de Lagrasse à Carcassonne via Montirat. Au cœur des Corbières se trouvent deux grands carrefours d’où part un réseau en étoile : Lagrasse et Durban. Depuis Durban, on peut descendre vers le col d’Extrême, le Pas de Paziols, Tautavel, car les limites sud des Corbières sont alors infranchissables.

"Mes voies préférées restent la traversée de la frontière sud de Galamus à Vingrau, l’itinéraire nord-sud Tournissan-La Roque. Car les routes goudronnées des Corbières ne datent que du XIXsiècle. Elles passent dans les gorges, alors que les Romains faisaient toujours passer les routes en crêtes".

“Passages secrets, les chemins noirs dessinaient le souvenir de la France piétonne, le réseau d'un pays anciennement paysan. Ils n'appartenaient pas à cette géographie des sentiers de randonnée, voies balisées plantées de panonceaux où couraient me sportif et l'élu local”. Ce travail est digne du livre Les Chemins noirs de Sylvain Tesson qui imagine la naissance d'un mouvement baptisé confrérie des chemins noirs. “Non contents de tracer un réseau de traverse, les chemins noirs pouvaient aussi définir les cheminements mentaux que nous empruntions pour nous soustraire à l'époque. Dessinés sur la carte et serpentant au sol, ils se prolongeraient ainsi en nous-mêmes, composeraient une cartographie mentale de l'esquive”.

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