Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

En cabane avec les Anglais

Publié le par baladesenpyrenees

En cabane avec les Anglais
En cabane avec les Anglais
En cabane avec les Anglais

Il n’y avait d’autre créneau que ce jour-là. Depuis le repérage du terrain avec l’équipe de tournage fin février, nous avions convenu de nous retrouver le 30 mars pour tourner au Prat d’Albis. Il s’agit pour moi de rencontrer Mickael Portello, le présentateur célèbre au Royaume-Uni, qui a décidé de traverser toutes les Pyrénées, d’Hendaye au cap de Creus. Enfin de faire semblant d’avoir traversé les Pyrénées. Notre rencontre doit avoir lieu à la cabane de Bladas sur une riante estive de la Barguillère, au-dessus de Foix. Sauf que cet après-midi-là, il n’y a pas grand-chose de riant. De loin, bien avant d’arriver à Foix, le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, aurait dit Baudelaire. On ne voit même pas les sommets. Natasha, l’assistante réalisatrice de Mickael me demande d’acheter une baguette pour la séquence. Par précaution, j’appelle Jean-Claude, le président de la fédération de randonnée de l’Ariège pour lui demander s’il peut me donner de vieux journaux. Je les récupère sur mon chemin. Puis je m’engage sur la petite route étroite du Prat d’Albis, plutôt déserte. Plus je monte, plus le brouillard se densifie. Heureusement que je connais la route. Je sais à quel moment il faut quitter la route pour s’engager sur un bout de piste et se retrouver sur l’estive de Bladas. Je la découvre à dix mètres près à cause d’une nappe de brouillard assez dense. Deux voitures sont déjà là, moteurs encore qui tournent. Il pleut. Natasha me fait signe. Et je la retrouve dans la partie de la cabane non gardée. Elle me demande d’allumer un feu. Joli défi car je ne sais même pas si la cheminée tire bien. Mais je m’active aussitôt avec le petit bois stocké. Je déballe ma réserve de journaux. Et le feu commence à devenir gourmand. C’est une petite satisfaction d’observer son appétit grandissant. Mickael Portillo fait alors son apparition dans l’antre. Le tournage commence. Mickael se tourne vers le feu comme si c’était lui qui l’allumait. Puis la conversation démarre en anglais sur les Pyrénées. Je me débrouille comme je peux, me demandant parfois dans quelle galère je me suis embarqué pour passer tout un après-midi en anglais.

J’en profite pour lui poser des questions extraites de mon quizz où il est censé être passé comme le cirque de Gavarnie, le pic du Midi de Bigorre et le château de Foix. Il n’arrive pas à répondre. Nous refaisons la prise. Et là, évidemment, il trouve la réponse du premier coup. Je lui obligé de le féliciter. Nous devons ensuite partager un pique-nique. Je commence à couper le pain. Lui ouvre sa boite de pâté. Mais il ne contrebalance pas avec son pouce et coupe l’opercule de la boite, jurant furieusement. Ce devait être la première fois qu’il ouvrait une boite de conserve. Les caméramans se regardent, désappointés. Ça ne va pas être facile de faire des tartines désormais. Je leur dis de patienter, le temps de sortir de mon sac mon fidèle couteau suisse. Et me voilà en train d’ouvrir dent par dent avec le petit ouvre-boite. Nous dégustons enfin nos tartines. Je sors de mon sac une bonne bouteille de génépi pour arroser le tout. Et là, tout se délie. Il me demande l’acte fondateur de ma passion des Pyrénées. Comme par la suite il doit se rendre à Montségur, je lui raconte la croisade contre les cathares. Deux heures et demi de tournage plus tard, quand nous finissons notre tournage, la pluie s’est arrêtée, le brouillard se lève doucement. Il est 18 h 45. Je suis un peu vidé. J’ai hâte de rentrer chez moi. Pourtant je ne suis pas prêt de partir de l’estive de Bladas. Une des deux voitures de l’équipe ne peut redémarrer, à force d’avoir laissé son moteur tourner. Natasha me demande si j’ai une paire de pinces pour batterie. La première voiture n’attend même pas de voir si nous avons trouvé une solution. Elle évacue sa star Mickael pour le ramener à son hôtel, nous laissant nous dépatouiller dans la mélasse. Je ne vois qu’une solution : téléphoner à mon fidèle Jean-Claude pour qu’il m’en apporte à Foix. Il me fait une bonne demi-heure pour aller chercher avec Natasha le précieux objet de dépannage. Je remonte à la cabane. Je place les pinces, mais le van ne veut toujours pas démarrer. C’est alors que la deuxième voiture revient. Je peux enfin partir et rentrer à la maison. J’apprendrai vers 21 h que la batterie a finalement été rechargée et que la deuxième voiture a pu redescendre.

Commenter cet article