Le hameau abandonné d’En
Depuis la gare de Thuès, on peut y monter à pied en 50 minutes. On peut aussi y monter en voiture par la piste qui démarre de l’autre côté de la rivière, à droite au-dessus du village de Nyer. Le bon plan est de demander la clé de l’église d’En à la mairie de Nyer. Car quand on rejoint à 935 m d’altitude le village abandonné depuis les années soixante, on découvre un paysage dont on ne se lasse pas. Cela faisait la quatrième fois que je revenais à En.
Quand on aime, on ne se lasse pas. J’aime parcourir ses courtes ruelles, passer devant l’ancien lavoir, les deux maisons restaurées et surtout m’avancer au milieu du pré où trône, royale et solitaire, la belle église Saint-Just et Saint-Pasteur, comme en balcon au-dessus de la vallée de la Têt. En mai, les iris en fleur lui dressent une corolle.
À l’automne cette fois, nous avons tourné à l’envers la vieille clé médiévale pour découvrir la frise de l’abside de singulière facture. Du côté gauche, un apôtre, nimbé pour sa sainteté, tient un livre devant un homme barbu, protégé par son écu, qui transperce un lion de sa lance. Du côté droit, un cerf se dresse devant un cavalier qui poursuit un lièvre qu’un chien attrape au garrot. Une peinture du XIIIe siècle réalisée a fresco.
C’est aussi depuis cet endroit-là qu’on peut aller découvrir une tâche verte au fin fond du défilé des Graüs de Canaveilles. Voici le site fascinant du Relais de l’Infante. Cet ancien hôtel qui proposait des eaux sulfureuses a brûlé en 1984 et a été laissé à l’abandon. Sa façade est recouverte de lierres. Ses ruines sont squattées et ses eaux chaudes détournées dans un bassin. Un peu à l’ouest du bâtiment, on peut aller se baigner dans des vasques d’eau chaude dans le lit de la Têt.
Au-dessus de Thuès se trouvent également des bains sauvages dont l’eau alimente le centre hospitalier.