Un des nouvelles Tribulations : Certains l’aiment chaud
Dans le lac d’Ansabère, en Béarn, Malo et Arthur se sont promis qu’ils se baigneraient. Depuis le temps que Malo, le journaliste stagiaire de Pyrénées magazine, veut se baigner dans un lac. Fin mai, il avait déjà voulu essayer, mais il y avait encore de la glace dans celui de Migouélou. Cette fois, les conditions sont réunies. La journée est enfin belle et ensoleillée au-dessus de Lescun, alors que le reste de la vallée d’Aspe végète dans un plafond nuageux sombre et bruineux. C’est presque un miracle des micros-climats de la frontière dans les Pyrénées. Nous montons avec entrain caresser les chevaux en estive, puis saluer le berger alangui, en train de lire dans son hamac aux cabanes d’Ansabère. Après avoir refait le plein d’eau derrière les bidons de lait retournés en train de sécher, nous faisons siffler les marmottes dans l’éboulis et le lapiaz. Et nous montons au lac en avalant le fil de la sente d’estive. D’un seul coup dans un repli de la montagne de la Chourique, le plan d’eau se découvre, avec un paisible troupeau de chevaux à sa gauche. Je décide de le contourner par la droite en montant au-dessus du ruisseau qui l’alimente et des rhododendrons qui l’encadrent. Et là je découvre sa forme de cœur et surtout un panorama majestueux avec en fond les Aiguilles d’Ansabère. Pendant ce temps, Malo et Arthur se sont déshabillés et s’empressent de toucher du pied la température du miroir d’azur. Les voilà en slip en train de petit à petit s’enfoncer dans l’onde. De là-haut, j’entends les commentaires.
-La couleur est bizarre. Mais tant pis j’ai trop envie d’y aller.
-T’as vu, elle est bonne voire même chaude.
Et Arthur de prendre sa respiration pour plonger entièrement.
Pendant qu’ils s’ébattent, les nuages remontent et jouent avec le relief des montagnes du fond puis nous recouvrent entièrement. Cela donne une ambiance fantastique.
Et quand les deux nageurs sortent de leur bain, les chevaux qui n’avaient pas moufté jusqu’à présent, décident, par mimétisme ou jalousie d’entrer dans l’eau et de montrer que c’est bien leur lac. Un grand comtois arrose avec ses pattes avant une jument à côté de lui, comme pour la rafraichir. La scène est cocasse. D’autres chevaux essayent aussi de s’éclabousser. D’autres seulement de boire. Et enfin le dernier entre un peu plus loin dans le lac. Que va-t-il faire ? Vraiment nager ? Mais non, il se met à pisser. Un énorme pipi puissant et jaune tellement fort que les deux nageurs qui sont en train de se sécher se retournent.
Ils n’en croient pas leurs yeux.
-C’est pas vrai ! S’ils font ça à chaque fois, on est propres !
-eh oui, c’est comme dans le film de Billy Wilder avec Marylin Monroe, on peut dire que Certains l’aiment chaud !