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Nouvelle tribulation : Cache-cache avec le cerf

Publié le par baladesenpyrenees

-Tu te cales. Tu écoutes. Tu jumelles.

Une injonction digne de l’ancien premier ministre, Dominique de Villepin.

Caché à l’abri d’un bloc de granit, et chaudement couvert, Jean-Luc Planes est à l’affût d’un cerf, avec un autre chasseur, Dany, 75 ans, venu de… Suisse. Avec Georges le photographe, nous nous faisons petits et discrets.

Il est 6 h 30, un matin d’octobre en Cerdagne. Le soleil vient de se lever et rosit petit à petit les étangs de la vallée des Bouillouses. Quelques canards en migration s’y reposent. Jean-Luc, grand brun efficace, intuitif et précis, évolue côté pile comme chef de l’hôtel-restaurant la Vieille maison cerdane, à Saillagouse. Côté face, son bagou phénoménal et ses sens aiguisés ont fait de lui un guide de chasse, quatre mois par an à plein temps, depuis 2009.

-Après quelques soucis de santé, j’ai décidé de vivre ma passion, me raconte-t-il.

En France il n’y a pas de titre officiel, mais la fédération française de chasse propose une formation. C’est un métier qui exige de la précision et de tout noter sur un registre.

Quand il commence à évoquer ce métier insolite, ses yeux s’allument.

-Ce qui me plaît, c’est d’être dans ma montagne.

L’approche, c’est devenir un peu sioux. Il piste l’animal, se met dans sa peau.

-J’imagine le biotope où il pourrait se cacher pour qu’on le débusque.

Pour preuve, Jean-Luc resserre ses mains devant sa bouche pour s’en servir d’appeau. Et là, il se met à imiter le cri du cerf. Il brame une fois, deux fois, trois fois. Et ça marche. On entend bramer deux fois à gauche. Une harde de cinq biches puis un cerf surgissent d’un coup du sous-bois de l’autre côté du lac. J’écarquille les yeux. Jean-Luc n’en perd pas une miette.

-Ils sont à 340 mètres. Tiens-toi prêt, Dany !, chuchote-t-il. 

Mais le cerf tourne la tête vers nous.

Un silence d’une éternité plane au-dessus de nous. Et puis le cerf fait faux bond et rentre dans le sous-bois. Les deux chasseurs se toisent. Nous nous levons l’oreille aux aguets. Ça se remet à bramer dans un autre secteur.

-On part par-là !”, fait signe Jean-Luc. Avec des chaussures souples et un pantalon qui ne fait pas de bruit, marchant le moins possible sur des branches et évitant les pierres qui roulent, nous avançons à pas feutrés dans cette grande steppe appelée le Désert du Carlit. Nous sommes, ce jour-là, les seuls humains sur le secteur… sur la piste du cerf.

Un cache-cache grandeur nature est en train de se mettre en place, digne de Duel de Steven Spielberg

Justement, alors que le brouillard est en train de monter, Jean-Luc aperçoit un cerf.

-C’est une bête de 200 kilos au moins. Enfile ta cagoule.

Jean-Luc imite à nouveau le brame pour le faire sortir.

Le cerf, rusé, se cache derrière un sapin. Le jeu de piste commence, au pied de la vallée de la Grave.

-Il ne faut pas lâcher, Dany !” On se croirait à la poursuite d’octobre rouge. Tout au jugé, nous traversons fourrés et chaos de rochers, avec juste pour bruit, désormais, le chant des ruisseaux.

Jean-Luc sait nous faire écouter la nature, être avec elle et nous faire marcher dans des grands espaces magnifiques, souffle Dany.

Jean-Luc, lui, conseille : Comme au tir à l’arc, tu rampes pour l’approche et tu ne bouges plus pour laisser le cerf se déplacer et venir à toi.

Moi, derrière, je souhaite que le cerf ne se fasse pas tuer. Cerf, cerf, où es-tu ?

-Si j’étais cerf, voilà où je passerais, indique notre chasseur.

Mais cette fois-ci, c’est moi qui me précipite et arrive le premier en haut sur le rocher pour que ce coquin de cerf nous échappe à nouveau.

Puis nous tombons sur une biche avec son faon. Pas de tir.

Ouf, nous les regardons s’éloigner.

Trois mouflons descendent à quelques mètres au-dessus de nous, alors que nous sommes arrêtés sur un rocher sous des pins à crochets pour pique-niquer. Il se met à pleuvoir.

-Il est temps de rentrer, annonce Jean-Luc, un peu dépité.

Il faut que ça reste du plaisir. Et là, nous ne ferons rien de bon.

Ce soir-là, je suis rentré heureux, comme un nouveau garde-cerf.

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Playlists pour l’encyclopédie du catharisme

Publié le par baladesenpyrenees

Playlists pour l’encyclopédie du catharisme

Classique ou instrumental

L’album, Les Cathares ; Christian Salès.

L’album, Partage ; Christian Salès.

 

Polifemo, Acte III, scene V : Alto Giove ; Franco Fagioli il maestro Porpora arias.

L’Aria ; Via Crucis, L’Arpeggiata, Christina Pluhar.

Autra Tèrra, Album Clamor ; Gérard Zuchetto/Sandra Hurtado-Ros, Troba Vox.

Amor e foc, Album Oda a Montsegur ; René Nelli/Gérard Zuchetto

Cum Dederit, Film Home ; Armand Amar, Sandrine Piau.

Charms, Film WE ; Abel Korzeniowski.

Meeting Laura, Film Le Parfum ; John Klimek, Reinhold Heil, Tom Tykwer, Simon Rattle, Berliner Philarmonic.

La Carpinese (Tarantella) Film Tous les soleils ; Lucilla Galeazzi, Marco Beasley, L’Arpeggiata, Christina Pluhar.

Concerto n°5 in D minor : I.Largo (After Scarlatti) ; Charles Avison, Café Zimmermann.

Casse-noisette, op. 71/Acte2 : N°14 pas de deux : intrada. Tachaikovsky. Boston Symphony orchestra.

Petite suite : I. En Bateau ; Debussy, Orchestre national de Lyon.

New moon (The Meadow), Film Twilight chapiter 2 Tentation ; Alexandre Desplat.

Atlantique Nord, Album Tabarly ; Yann Tiersen.

Adagio in D Minor ; John Murphy.

Tennessee, Film Pearl Harbor ; Hans Zimmer.

Baïkal, Film dans les forêts de Sibérie ; Ibrahim Maalouf.

Lévitation, Film dans les forêts de Sibérie ; Ibrahim Maalouf.

Barbarian, Film Stanotte a Napoli ; Guiseppe Zambon, Ruben Zambon.

Room with a view ; Rone.

Animal Life, Ingo Herrmann

Twin Peaks Theme, instrumental ; Angelo Badalamenti.

Nara, Sofiane Pamart.

Intro ; The XX.

Is there Anybody out there ? ; Sylvering

Epilogue, Film The Theory of Everything ; Johann Johannsson.

 

Rock Pop

Dove, Cymande

The bomber A, Closet Queen B : Bolero C :  Cast Fate to the wind, medley ; James Gang.

Gold on the ceiling ; The Black Keys.

A day in the life ; Jeff Beck

Crushing day ; Joe Satriani.

Always with me, always, with you ; Joe Satriani.

I’d love to change the world ; Ten years after.

Son of a Preacher man ; Dusty Springfield.

Fortunate Son ; Creedence Clearwater Revival.

Corporation Corridors ; Murray Head.

Whole Lotta Love ; Led Zeppelin.

Maggot Brain ; Funkadelic.

How to save a life ; The Fray.

New Born ; Muse.

Unintented ; Muse.

Knights of Cyndonia ; Muse.

Old Downtown ; Camp Claude.

Chemtrails ; Placebo.

Perfect day ; Carla Bruni.

To dust ; Alice Russell.

Malagueña ; Olivia Ruiz.

Candy Lady ; Dionysos, Olivia Ruiz.

Sailing ; Christopher Cross.

Hold Heart ; Emiliana Torrini.

Only time ; Enya.

 

 

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Plus de chambre et roue crevée

Publié le par baladesenpyrenees

Plus de chambre et roue crevée
Plus de chambre et roue crevée
Plus de chambre et roue crevée
Plus de chambre et roue crevée

Nous venons de faire, avec Germain, la rando à la chapelle de la Madeleine depuis Tardets, en Soule, au Pays basque. Quand nous arrivons le soir à la chambre d’hôte, à Saint-Martin d’Arossa, Alex, le propriétaire m’annonce, penaud, qu’il s’est trompé dans ma date de réservation et… qu’il n’a pas de chambre pour moi ce soir !

Pendant qu’il cherche une solution, je retourne à la voiture chercher mes affaires, et là, je me rends compte que j’ai crevé. On va prendre les problèmes les uns après les autres.

Comme c’est la première fois avec mon Partner, je me demande où se cache la roue de secours, puis le cric et la clé pour dévisser les vis ultra serrées. Bref, me voilà sur la petite place de Saint-Martin d’Arossa, légèrement en pente, et par 35°C en train de changer ma roue, ne sachant même pas où nous allons dormir tout à l’heure.

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Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel

Publié le par baladesenpyrenees

Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel
Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel
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Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel
Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel
Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel
Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel
Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel
Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel

Le canalduMidi, un chemin d’eau et de ciel, aux éditionsSuOuest vient de paraître ce vendredi 5 juillet 2024. Un projet qui m’a demandé quinze ans de notes et de reportages comme ces quelques photos en souvenirs. C’est aujourd’hui un beau livre grâce à mon compère photographe Arnaud Späni. Un hommage à la beauté de l’Occitanie de Toulouse à Sète.

Publication : Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel

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Nouvelles tribulations en cascade de glace

Publié le par baladesenpyrenees

Nouvelles tribulations en cascade de glace

-C’est la seule cascade en condition de toute la Cerdagne depuis fin novembre ! Alain Place, guide de haute montagne, et ancien du peloton de gendarmerie de haute montagne d’Osséja, nous l’a assuré, à JC Milhet, le photographe, et moi.

-Vous n’allez pas repartir de la station du Cambre d’Aze sans l’avoir essayée !

Alors à dix minutes à pied du télésiège du Mouli, dans le cirque du Cambre d’Aze, par un discret sentier montant à droite, on découvre celle qui capte toutes les attentions du moment : la cascade de glace du Coscoll.

-C’est l’équipe de la station qui l’a pétrifiée en début de saison avec un tuyau d’eau. Exposée au nord, elle est vraiment excellente pour l’initiation. D’ailleurs, ses trois voies sont de plus en plus fréquentées.

On contemple une vraie glace à l’italienne de trente-cinq mètres de haut et de dix de large. Nous par contre, on n’en mène pas large. Nez en l’air, l’air béat, on reste presque pétrifiés par un torticolis à force de lorgner la technique de notre guide, le temps pour lui d’équiper la voie. Le temps pour JC et moi de nous transformer sur ce ressaut ombragé, en glaçons vrp voire en bonhommes de glace.

Heureusement, notre guide redescend jusqu’à nous et me demande d’enfiler casque, gants souples et crampons pendant qu’il hisse mon collègue JC pour qu’il fasse des photos d’en haut, réussissant ainsi en catimini à éviter l’exercice.

Alain me tend alors ses piolets galbés, adaptés à la forme de la cascade et me dit :

-Comme la glace est dure, ne fais pas d’espacements trop longs. La qualité de la glace joue pour beaucoup.

Désormais deux pointes mortelles sont le prolongement de mes mains.

Pour jouer au super-héros digne d’un Spiderman, il faut bien enclencher ses pointes dans les marches naturelles taillées dans la glace. Le temps de regarder où on met les pattes, il faut rapidement penser à s’accrocher le bout des bras dans les moindres fentes.

Clac, clac. Je dois exercer un coup ferme du poignet, du genre souple et non brutal. Autrement, je peux rester un bon moment à essayer de déterrer la hache de guerre, voire d’extirper mon Excalibur de l’interstice où je l’ai enfoncée.

Ensuite, mieux vaut être aussi agile que Sharon Stone avec ses piques à glace dans Basic Instinct plutôt que Sylvester Stallone dans Cliffhanger. Le temps de m’habituer aux trois premiers enchaînements, j’ai déjà progressé à plus de cinq mètres du départ et à plus de dix de mon assureur. Engagé sur ma crème glacée, je me demande comment tout tient sans se fracasser. Je lève la tête, et cherche d’autres prises à accrocher. Je caresse la glace, tout en hissant ma vieille carcasse qui commence à se réchauffer. Les muscles de mes épaules confirment que la paroi devient moins raide. Je m’habitue à jouer le brise-glace et à rayer ce miroir sans tain. Puis c’est la goulotte d’arrivée. J’y suis presque ! Soulagement complet. Je jette un œil au pied de ma falaise et même du cirque, là où les hommes sont devenus des fourmis. L’exercice a dû durer 15 à 20 minutes.

En bas, notre guide commente :

-Les gens ont besoin de sortir de l’ordinaire et de goûter à d’autres sensations.

JC le photographe qui me guette depuis un moment m’interpelle alors en me demandant de bien le regarder. C’est cerise sur le gâteau ! Le moment à garder en mémoire, avec le sentiment d’avoir réussi à épouser le galbe de mon petit Everest.

Mais en relevant la tête, j’ai eu un haut le cœur en voyant JC, d’un geste mal négocié, me balancer sur la caboche toute la poudreuse qui s’était entassée sur le dôme de la cascade.

Je me suis retrouvé couvert de neige, le visage entarté comme dans un vieux film muet, aussi blanc qu’un bonhomme de neige. J’ai réussi à articuler :

-C’est bon, j’ai goûté à d’autres sensations !

Nouvelles tribulations en cascade de glace

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Parution de mon encyclopédie cathare avec Michel Roquebert

Publié le par baladesenpyrenees

Parution de mon encyclopédie cathare avec Michel Roquebert
Parution de mon encyclopédie cathare avec Michel Roquebert

Parution d’une encyclopédie sur les Cathares

« Ce livre fait revivre une centaine de cathares »

 

Alors qu’une grande exposition “Cathares” a lieu aux couvent des Jacobins et au musée Saint-Raymond, vient de paraître un ouvrage conséquent sur le sujet Cathares encyclopédie d’une résistance occitane, par un éminent spécialiste du sujet Michel Roquebert, associé à Patrice Teisseire-Dufour.

 

Quelle est la teneur de l’ouvrage que vous cosignez avec Michel Roquebert ?

L’historien Michel Roquebert a décidé, dans les dernières années de sa vie, de s’atteler à un dictionnaire du catharisme. D’Abjuration à Torture, chaque entrée est narrée comme une histoire. Riche documentation de plus de cinquante ans d’études, il travaillait essentiellement sur les sources inquisitoriales. Il fallait voir ses cartons d’archives au pied de son bureau qu’il comptait encore traiter. Ce livre fait revivre une centaine de cathares, et explique les concepts de cette religion, son organisation, sa géographie, les sites touchés par la croisade et l’Inquisition. C’est un ouvrage clair, facile à lire, et qui par la richesse de ses 215 entrées, apporte une vision complète de tout ce qu’il faut connaître du catharisme aujourd’hui. Ce bel ouvrage est illustré par des gravures uniques de Marie-Amélie Giamarchi.

 

Mais qui était Michel Roquebert pour ceux qui ne le connaissent pas ?

Licencié en philosophie, Michel Roquebert a été longtemps journaliste à la Dépêche du Midi, responsable du service Culture. Il est devenu un spécialiste reconnu du catharisme après la publication des Citadelles du Vertige qui a révélé, en 1966, les ruines de ses châteaux oubliés. À la suite du succès de ses articles, Evelyne Jean-Baylet, la PDG de la Dépêche, lui a demandé, toutes affaires cessantes, de travailler sur l’histoire de la croisade des Albigeois au XIIIe siècle pour publier une nouvelle série dans le journal. C’est ainsi qu’est née l’Épopée cathare aux éditions Privat. Puis Michel a quitté La Dépêche pour devenir un véritable historien. Il écrira par la suite Montségur, les cendres de la Liberté ; Simon de Montfort ; Saint-Dominique…

 

Quel a été votre rôle ?

Michel avait rêvé d’une encyclopédie du catharisme de plus de 2 500 entrées. Mais l’âge aidant il a revu ses folles ambitions à 250. Malheureusement il a rendu l’âme le 15 juin 2020, à près de 92 ans. À la suite d’un colloque lui rendant hommage au château de Bouisse, dans les Corbières, en juin 2022, et en accord avec ses enfants, Jean-Tristan, Sophie et Isabelle, j’ai proposé d’achever cet ouvrage, avec Edwige Malberg, avec laquelle il avait commencé. Mais, malade et trop fatiguée, elle n’a pas voulu continuer l’aventure.

 

Avez-vous ressenti une pression pour terminer le travail de l’éminent spécialiste ?

Je connaissais Michel depuis l’an 2000. J’avais fait son portrait dans le journal l’Indépendant. Par la suite en tant que journaliste à Pyrénées Magazine, et en tant qu’ancien étudiant en histoire médiévale, j’ai beaucoup échangé avec lui, pendant vingt ans, quand il fut notre référant et contributeur à Cathare Magazine, avec Anne Brenon et Pilar Jimenez.

Par l’amitié qui me liait à celui que je considérais comme mon professeur de catharisme, qui m’avait fait l’honneur d’écrire la préface de mon recueil Derniers chants faydits, en 2019, par cette transmission qu’il a léguée à un grand nombre sur plusieurs générations, il m’a semblé évident qu’il fallait reprendre le flambeau et prolonger sa pensée.

 

Comment est-ce que le travail s’est déroulé ?

J’ai respecté le plan en six parties que Michel avait établi : la religion cathare, les écrits du catharisme, l’église cathare, parfaits et parfaites célèbres, la croisade albigeoise, l’Inquisition, et le petit plus d’un chapitre sur les historiens du catharisme.

Mettre en forme l’ouvrage constitué de lambeaux de textes, mais d’une masse de notes et d’exemples me fit plonger, comme un moine, durant l’année 2023, dans l’atmosphère des XIIe aux XIVe siècles.

 

Alors justement comment expliquez-vous la persistance de cette période et de cette séquence historique particulière pour notre région ?

Elle représente une cicatrice dans les valeurs occitanes et un bouleversement géopolitique du Languedoc et de l’Aragon, quand, en 1209, le pape lança, pour la première fois, une croisade à l’encontre d’autres chrétiens en terre chrétienne et lors de la défaite de Muret en 1213.

 

Qu’est-ce qui en faisait la spécificité ?

Le catharisme, cette dissidence chrétienne, est condamné par Rome comme hérésie par qu’il refuse l’autorité de l’Église romaine, nie la validité des sacrements dispensés par un clergé et parce que sa théologie s’appuie sur le dualisme. C’est-à-dire la création visible et matérielle a été créée par Satan, l’autre, invisible et immatérielle par Dieu. Cette religion offre une égale place aux femmes qui ont, pour la première fois, le droit de prêcher, ce qui va favoriser son succès. Prêcher justement par leur exemple de vie simple et travailleuse à l’instar de leurs prochains, mais aussi par leur grande connaissance des Saintes Écritures au sein même des foyers, non plus en latin, mais précisément dans la langue du pays, avec une bible écrite en occitan. Face à la corruption, aux privilèges, et à la puissance de l’Église romaine, cette religion proposait d’instaurer de nouveaux rapports entre l’homme et la religion, l’argent, la justice et le travail. Façonnée par la culture laïque des troubadours, la caste aristocratique occitane était volontiers tolérante, libérale et anticléricale. C’est là, dans le castrum, le village fortifié, dont les rues concentriques s’enroulaient autour de son château, que va s’épanouir cette société cathare.

 

Pourquoi « résistance occitane » ? Les cathares incarnent-ils une certaine façon de vivre différente ?

Les bons chrétiens ont montré un courage aussi révolutionnaire que celui de Jésus en son temps, s’opposant à la puissance de la foi dominante et générant une grande solidarité autour d’eux. Ils ont créé des ateliers communautaires et des maisons communes pour aider, soigner femmes et hommes en difficulté. Bons hommes et Bonnes dames, bien ancrés dans la société de leur temps, pratiquaient tous les métiers compatibles avec leur refus de toute propriété : tisserands -ce sera d’ailleurs un de leur surnoms-, mais aussi fileuses de lin, de laine, couturières, tailleurs, meuniers, charpentiers, cordonniers…  Aujourd’hui encore, les cathares représentent une certaine idée de la liberté, de la tolérance et de l’indépendance. Protégés par des chevaliers occitans rebelles et bannis, appelés les faydits, ils sont aussi éternellement liés aux sites majeurs des « citadelles du vertige ». Ces sites ne furent jamais des châteaux construits par les cathares, mais essentiellement des lieux de fréquentation.

 

Pourquoi les historiens médiévistes discutent-ils la réalité de cette « grande épopée idéologique », de ces croyants et de cette « religion » ?

Certains médiévistes remettent en cause le mot cathare, remis au goût du jour au XIXe siècle, et l’existence d’une église structurée. Le mot cathare, péjoratif, a bien été employé au XIIe siècle, pas par les cathares, mais par leurs adversaires. Il est cité dans le canon 27 du IIIe Concile œcuménique du Latran en mars 1179, puis dans une lettre du pape Innocent III aux archevêques le 21 avril 1198, par le théologien Alain de Lille en 1200 et encore dans de nombreux traités au XIIIe siècle…

D’autre part, la charte de Ninquita, dont la validité a été admise lors du colloque de Mazamet en 2009, raconte qu’en mai 1167, à Saint-Félix, cinq diocèses cathares ont été créés. 

Notre encyclopédie évoque aussi la découverte des rituels cathares, la persécution des juifs et de certains personnages comme Bernard Délicieux et Bernard Gui qui inspirèrent Umberto Eco dans Le Nom de la rose, démystifie le trésor de Montségur, la quête du Graal, le lien avec les templiers…

  

Michel Roquebert affirme « Les sentiers cathares ne se lisent pas seulement sur les cartes : ils sont inscrits, aussi, dans la géographie du cœur. » Comment traduire ces mots aujourd’hui ? Quel écho leur donner ?

Les Occitans ont un attachement à ces personnages qui ont marqué notre histoire. Nombre de cités ou de châteaux comme Montségur, Minerve, Lavaur, Béziers, Les Cassés ont été marqué par des bûchers et des massacres, alors que les cathares prêchaient tout simplement l’amour du prochain.

Cet ouvrage est donc, pour nous, cet héritage cathare, celui de la mémoire de ces bons chrétiens injustement tués et que les textes des vainqueurs ont fixée. Que cette transmission suscite de nouvelles vocations dans la recherche de cette dissidence occitane, car il ne serait pas impossible qu’un de ces jours, un chercheur érudit déniche encore un apocryphe ou un rituel dans des archives ou une bibliothèque privée, voire qu’il mette enfin la main sur le chapitre II du Traité cathare anonyme.

Parution de mon encyclopédie cathare avec Michel Roquebert
Parution de mon encyclopédie cathare avec Michel Roquebert
Parution de mon encyclopédie cathare avec Michel Roquebert

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Un des nouvelles Tribulations : Certains l’aiment chaud

Publié le par baladesenpyrenees

Un des nouvelles Tribulations : Certains l’aiment chaud

Dans le lac d’Ansabère, en Béarn, Malo et Arthur se sont promis qu’ils se baigneraient. Depuis le temps que Malo, le journaliste stagiaire de Pyrénées magazine, veut se baigner dans un lac. Fin mai, il avait déjà voulu essayer, mais il y avait encore de la glace dans celui de Migouélou. Cette fois, les conditions sont réunies. La journée est enfin belle et ensoleillée au-dessus de Lescun, alors que le reste de la vallée d’Aspe végète dans un plafond nuageux sombre et bruineux. C’est presque un miracle des micros-climats de la frontière dans les Pyrénées. Nous montons avec entrain caresser les chevaux en estive, puis saluer le berger alangui, en train de lire dans son hamac aux cabanes d’Ansabère. Après avoir refait le plein d’eau derrière les bidons de lait retournés en train de sécher, nous faisons siffler les marmottes dans l’éboulis et le lapiaz. Et nous montons au lac en avalant le fil de la sente d’estive. D’un seul coup dans un repli de la montagne de la Chourique, le plan d’eau se découvre, avec un paisible troupeau de chevaux à sa gauche. Je décide de le contourner par la droite en montant au-dessus du ruisseau qui l’alimente et des rhododendrons qui l’encadrent. Et là je découvre sa forme de cœur et surtout un panorama majestueux avec en fond les Aiguilles d’Ansabère. Pendant ce temps, Malo et Arthur se sont déshabillés et s’empressent de toucher du pied la température du miroir d’azur. Les voilà en slip en train de petit à petit s’enfoncer dans l’onde. De là-haut, j’entends les commentaires.

-La couleur est bizarre. Mais tant pis j’ai trop envie d’y aller.

-T’as vu, elle est bonne voire même chaude.

Et Arthur de prendre sa respiration pour plonger entièrement.

Pendant qu’ils s’ébattent, les nuages remontent et jouent avec le relief des montagnes du fond puis nous recouvrent entièrement. Cela donne une ambiance fantastique.

Et quand les deux nageurs sortent de leur bain, les chevaux qui n’avaient pas moufté jusqu’à présent, décident, par mimétisme ou jalousie d’entrer dans l’eau et de montrer que c’est bien leur lac. Un grand comtois arrose avec ses pattes avant une jument à côté de lui, comme pour la rafraichir. La scène est cocasse. D’autres chevaux essayent aussi de s’éclabousser. D’autres seulement de boire. Et enfin le dernier entre un peu plus loin dans le lac. Que va-t-il faire ? Vraiment nager ? Mais non, il se met à pisser. Un énorme pipi puissant et jaune tellement fort que les deux nageurs qui sont en train de se sécher se retournent.

Ils n’en croient pas leurs yeux.

-C’est pas vrai ! S’ils font ça à chaque fois, on est propres !

-eh oui, c’est comme dans le film de Billy Wilder avec Marylin Monroe, on peut dire que Certains l’aiment chaud !

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