Avec Bernard Caubit, notre guide, qui retrouve les anciennes voies de l’Aude, et avec Malo, notre journaliste stagiaire à Pyrénées magazine, nous cherchions la voie romaine oubliée entre Lagrasse à Verzeille un jour de mars 2023. Nous venions juste de garer le Partner ou Patmobile à Mas-des-Cours, petit village isolé dans les Corbières occidentales, à vingt minutes au sud-est de Carcassonne. Nous pensions marcher en toute discrétion, pactiser avec le silence des grands espaces, lorsqu’un homme vient à notre rencontre. Intrigué de nous voir avec nos sacs à dos, René se présente comme le maire-adjoint. À force de moulinets et d’un bagou hors du commun, il nous improvise la visite. Il nous ouvre le portillon pour voir de plus près les ruines du château, ou plutôt de son château… en train de se fissurer méritant d’être sécurisé et débroussaillé. Les ânes sont en train de se charger du travail de débroussaillage sur la rive gauche de la rivière la Lauquette.
Sur le pont creusé par les ornières des charrettes, il nous explique que la borne romaine en marbre sur le pont a dû servir de piloris, en indiquant les marques. Il nous raconte que le superbe pont roman vient d’être restauré, suite aux inondations de 2018. “Du haut du pont, on sautait avant dans la rivière, dans le bassin
Il nous fait ensuite visiter l’église et le cimetière, nous montre les meules de l’ancien moulin à huile et l’ancienne écurie. Petit à petit le village dévoile ses secrets.
Mais ce n’est pas fini. Au moment de se dire au revoir, René fait volte-face et décide de nous accompagner en rando. “Mes fils se débrouillent très bien pour défricher le pourtour de l’église qui doit être daller.”
Et nous voilà en route sur cette vieille voie qui sent désormais le thym, la lavande sauvage, encadrée par la voûte des chênes verts. René en narre chaque parcelle, chaque objet de ce patrimoine vernaculaire comme la pierre plate de quatre mètres de large qui sert de pont aux charriots ou les murs d’une grande borde sans toit, qu’il exhume d’un fourré en nous extirpant du chemin. Enfin, c’est au pied des vestiges du Castellas, “Les Cours des Templiers” qui couronnait un mamelon au XIVe siècle qu’il nous laisse continuer jusqu’à Fajac-en-Val.
Voilà bien la chance d’aller sur le terrain. Régulièrement, c’est l’occasion de tisser des rencontres improbables et ainsi des découvertes insoupçonnées.
Merci roi René pour avoir partagé la passion de ton territoire !
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