L'explorateur de la Sierra de Guara Pierre Minvielle est mort le 1er janvier 2018

Le pyrénéiste et spéléologue béarnais Pierre Minvielle est mort au petit matin du 1er janvier 2018 dans sa ville natale de Pau. Né le 24 janvier 1934, Pierre allait souffler ses 84 ans au côté de sa femme Henriette.

"Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie", comme l'écrivait Albert Camus. Et celle de Pierre Minvielle fut un véritable feu d'artifice. Dès 1950, grâce à son père, le docteur Paul Minvielle, médecin-chef à l'hôpital de Pau, il fut l'un des premiers français à s'aventurer dans les canyons de la Sierra de Guara (Mascun, Vero, Barcez) et à inventer la pratique du canyoning. Il comptera par la suite plus de cent kilomètres d'exploration de canyons. 

On ne saurait oublier ses Guides Minvielle du randonneur sur la Sierra de Guara et Rio Vero paru aux éditions Cairn en 2012 où il racontait comment en 1966 comment il avait découvert une douzaine de grottes ornées de peintures préhistoriques du Levantin, classées aujourd'hui au patrimoine mondial de l'Unesco. "C'est là que j'ai appris à tailler le silex", soulignait-il.

Dès lors : "Voyage, lecture, écriture" furent les trois pans qui gouvernèrent sa vie. Il devient écrivain, randonneur, auteur de nombreux guides, avec une place toute trouvée : directeur du département "Géographie" puis de la collection "Monde et Voyage" aux éditions Larousse et chercheur associé aux Collège de France. Ses ouvrages paru chez Nathan : Turquie et Espagne obtiendront respectivement le prix du meilleur livre de géographie et le grand prix international de littérature de tourisme. Il signera aussi Pyrénées des 40 vallées chez Denoël. 

Il est en même temps membre du Club alpin français de Pau de 1952 à 2006. Plus que canyoniste, Pierre est avant tout spéléologue. Il établi plusieurs records de profondeur et explore près de mille gouffres et cavernes. Il signe notamment un Guide de la France souterraine paru en 1970 aux éditons Tchou.

Curieux de tout, enthousiaste et intarissable conteur, Pierre Minvielle est un séducteur. Passionné par le peintre basque Pablo Tillac, il lui consacre un beau livre. Il crée aussi le festival Image/Montagne en 1988 à Pau. 

Sa verve, pleine d'humour, fait mouche et nous touche quand il évoque aux éditions Gypaète : Une Enfance à Gourette, puis Coups de feu dans la Sierra et Réminiscences ossaloises. On se souviendra de sa balade avec une belle Suédoise habillée d'un collant couleur chair ou quand à 15 ans, lui et son père se firent tirer dessus dans le canyon d'Anisclo. 

"Mon métier, m'expliquait-il, lors d'une interview pour Pyrénées magazine de juillet-août 2014, m'a toujours permis de me consacrer à l'archéologie en montagne et de voyager. J'explorais des territoires où je supposais pouvoir trouver des gravures encore intactes". Son essai Le Roc et le Signe paru chez l'Harmattan en juin 2016, sera son dernier ouvrage. Il nous promène de l'Himalaya aux Andes, des canyons d'Aragon à Pétra. 

Aujourd'hui, Pierre, c'est à notre tour d'écrire sur toi, de guetter les signes et de nous appuyer sur ton roc de connaissances. 

Aujourd'hui, vendredi 5 janvier 2018, nous te saluons une dernière fois, mais ta voix vit toujours au fond de nous et tes livres et tes mots te survivent.

Comments

[Mathieu]

Merci pour cet article et ce jolie hommage à ce grand explorateur. J'ai lu quelqu'un de ces livres notamment son récit sur son exploration du Rio Vero et sa découverte de la fameuse grotte "Lucien Briet". Chaque fois que je parcours le Rio Vero je pense à ces premiers explorateurs français et espagnol qui ont eu l'audace et le courage d'aller toujours plus loin, portés par une intarissable soif de découvertes et d'aventures.

[Teisseire]

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