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C'était en octobre au-dessus de Canfranc, en Aragon. Les couleurs de l'automne s'affichaient dans leurs plus beaux atours. Petit plaisir de la contemplation après l'action, c'est-à-dire une virée sur les crêtes des cirques qui dominent la vallée de Canfranc.
La Catalogne ne manque pas de chemins de grandes randonnées et de routes circulaires très à la mode depuis une dizaine d’années. Voici les itinéraires les plus connus dont on peut trouver les topos en librairie ou sur des sites internet. Un dossier à retrouver dans le Pyrénées magazine n°162 de novembre-décembre 2015.
Le GR 11 ou la Senda
Le GR 11, célèbre chemin de grande randonnée, qui traverse les Pyrénées d’est en ouest, comme le GR 10, mais cette fois versant espagnol, passe au nord de la Catalogne. Il relie, en 23 étapes, l’Hospital de Vielha, en Ribagorça, au Cap de Creus, au bord de la Méditerranée. Un parcours bien balisé, en rouge et blanc, et régulièrement ponctués de refuges gardés ou d’abris. Il existe un topoguide complet appelé La Senda.
Les carros de Foc ou tour des Encantats
C’est la boucle la plus célèbre de Catalogne. C’est aussi une course chaque été où le record est de 9 h 27. L’itinéraire est balisé jaune ou rouge et blanc quand il est partagé avec le GR 11. Comptez une semaine pour faire le tour du parc national d’Ayguestortes i estany de Sant Maurici, ou des Encantats pour les Français, en ralliant les neuf refuges, de la Restanca à Josep Maria Blanc, via la centaine de lacs enchâssés dans les vallons et criques de granit. Magnifique mais chargé de monde et parfois d’éboulis. Pour 19 €, vous pouvez acheter un forfait, un document où sera tamponné votre passage dans refuge avec casquette et plan du parcours.
Le chemin catalan de Saint-Jacques de Compostelle
Variante du chemin d’Arles, à partir de Narbonne, ce Chemin Catalan ou Cami Sant Jaume longe le littoral jusqu’à Port-la-Nouvelle avant de rejoindre Perpignan puis le Boulou et de traverser en diagonale la Catalogne, en 14 étapes, depuis La Jonquera jusqu’à Fraga via Girona, Vic, Montserrat, Lleida... Le chemin poursuit sa route jusqu’à Logroño où passe le camino francès. Un topo a été édité chez Rando éditions en 2013. De paysages inédits et une fréquentation modeste sont ses atouts.
Pass’Aran
Cette boucle circulaire entre le Val d’Aran et le Couserans permet de renouer avec les anciens chemins des mineurs du Biros et de transhumance et de pèlerinage des bergers. Il va de Montgarri aux Estagnous, sous le Mont Valier via le gite d’étape d’Eylie et le refuge de l’étang d’Araing proposant les beaux pics de Crabère, de Maubermé, de Barlonguère et du Valier. Un itinéraire sauvage qui s’adresse aux montagnards expérimentés car certains passages ne sont pas entièrement balisés. On peut acheter un forfait passeport tamponné dans tous les refuges comme au Carros de Foc.
www.passaran.com
Le cami dels Bonshommes ou GR 107
Ce chemin a été emprunté au XIIIe et XIVe siècle par les cathares fuyant la prison, la spoliation et la mort. Partis de Foix ou de Montségur, ils sont venus se refugier en Cerdagne et dans le Bergueda. A pied, à cheval ou à VTT, le chemin des bonshommes est un bel itinéraire linéaire, de huit à dix jours, nord-sud, qui se termine à Berga. On entre en Catalogne par la belle Portella Blanca, frontière avec la France et l’Andorre, puis il faudra franchir la Serre de Cadi. Topo-guide édité par la FFRP.
Cavalls del vent
Inventés l’été 2003 par les gardiens des huit refuges du parc naturel de Cadi-Moixeró, dans le Bergueda, cette route circulaire permet de découvrir les hauts plateaux de la Serre de Cadi, la fourche impressionnante du pic de Pedraforca, la vallée de Gosol… Un parcours boisé, tranquille, sur des pistes ou des sentes, entre 900 m et 2 500 m d’altitude, du refuge de Prats d’Aguiló au refuge Cortals d’Ingla via Serrat de les Esposes, Niu de l’Aliga, Rebost, Sant Jordi, Gresolet et Luis Estasen. Dans le même secteur, possibilité de faire le tour du Pedraforca.
Camins del Bisbe i abat Olibat
Voilà l’occasion de marcher, une semaine, sur les traces d’art roman du célèbre abbé Olibat dans le Ripollès de Sant Joan de les Abadesses via Ripoll et même Rupit jusqu’à Vic sur le GR 151 et ses variantes.
La HRP (la haute randonnée pyrénéenne)
Cette itinéraire de haute montagne, à cheval entre la France et l’Espagne, ne passe que très peu en Catalogne : de Hospital de Vielha au Certascan en cinq étapes via la Restanca, Port de la Bonaigua, Alos de Isil, le refuge Enric-Pujol et une étape entre Eyne et Ull de Ter.
La Porta del Cel
Dans le parc naturel de l’Alt Pirineu, cette boucle permet d’enchaîner trois trois mille, entre Pallars Sobira et Ariège. Mais la Porte du Ciel se gagne à coup de 1 100 mètres de dénivelé à chacun des quatre étapes, du refuge de Certascan à celui de l’étang du Pinet, via l’ascension du pic de Certascan, de la Pique d’Estats, du Montcalm et du Sullo. Parcours de haute montagne.
Il s'appelle Kaïkou. C'est un chien de berger un peu fou, un peu philosophe, né de la plume de Patrice Rouleau, un dessinateur plein de courage qui habite à Ustaritz, au Pays basque. Il en a tiré déjà cinq carnets d'estives. Ce joli livre d’art contient des dizaines de dessins d’humour, des miniatures en couleur, une petite encyclopédie et une feuille séchée de la plante évoquée dans les 5 livres parus : fougère, chêne, vigne, châtaignier, noisetier…, les conseils du berger, une pincée de poésie, le tout relié entre deux lames de châtaignier naturel sur papier recyclé. Comme le fromage du berger, ce livre est entièrement fait main.
Et pour bien immerger Kaïkou, son chien poète, son chien de rêve, Patrice Rouleau se souvient de ses montagnes “où mes courses d'enfant ont écrasé le jus frais des fougères, celles dont les touyas ont griffé au sang mes jambes nues, celles dont les pentes gravies à couper le souffle ont emporté mon cœur, celles qui ont aspiré mon regard là-haut quand la terre rencontre le ciel, celles qui m'attendaient avec la promesse d'en toucher le sommet, bien loin des pics de légende, n'étaient que des "montagnes à vache" et s'appelaient aussi mes Pyrénées”.
Pour en savoir plus : www.kaikou.fr
15 octobre 2015. Le tour des Gorgs ou étangs de Nohèdes : le Clot, l'Estélat et le Nègre, en compagnie d'Alain Mangeot, le directeur de la réserve de Nohèdes et le photographe Paul Delgado. Avec en prime la descente d'estive des troupeaux de brebis.
23 et 24 septembre 2015. Montée au Mont Valier ou Vallier, seigneur du Couserans, à 2 838 m, par la voie normale, via la cascade de Nérech, en compagnie de Michel Sébastien et Yves Rougès, du photographe François Laurens et de notre journaliste stagiaire Hélène Lompech. Redescente par les Lauzets et la cabane du Taus où on a croisé les éleveurs. Superbe parcours varié de plus de 1 200 m de dénivelé.
“Où commence le trek ?”, écrit Jean-Marc Porte, dans la présentation de ce beau livre paru fin 2014 et que nous avions oublié de chroniquer. “Partir plusieurs jours. Traverser des territoires au rythme de vos pas. Voyager à pied en privilégiant un dépouillement relatif des moyens. Se laisser aller à une confrontation volontairement lente avec les reliefs et les cultures des vastes solitudes. Se défaire du dedans connu pour habiter temporairement un “dehors” moins certain, le temps d’une disponibilité singulière à soi et l’autre”.
L’ouvrage offre 24 treks à travers le monde, répartis sur les cinq continents, du Tour du val d’Aoste en Italie, le Tor des géants de 330 km, au GR NC1 du Mont Panié en Nouvelle-Calédonie. Son grand format permet des doubles ou des pleines pages photos pour en mettre plein la vue. Ceux qui aiment marcher et découvrir de nouveaux territoires seront comblés car il y en a pour tous les goûts et beaucoup à lire. Des textes sentis, immergés dans l’itinéraire qui, à chaque fin, donne une page de conseils pratiques : accès, quand partir, difficultés, roadbook. Un bon moyen de donner envie d’en savoir plus et de partir. Alors où ?
Il y a les classiques : comme le sentier de l’Inca, d’Urubamba au Machu Pichu au Pérou, les balcons des Annapurna au Népal, sur les rives du Nil en Égypte, les déserts du Nord-ouest de l’Argentine ou le Tchang Tang au Zanskar en hiver dans le Cachemire indien.
Il y a ceux qui donnent envie : Le Four corners qui traverse les réserves indiennes de l’Utah, Colorado, Nouveau-Mexique et Arizona ; Eireann, la traversée de la côte sud-ouest de l’Irlande ou le Selvaggio blu, la côte sauvage de la Sardaigne.
Les plus insolites : Makay à Madagascar, les mégadunes du Badain Jaran en Mongolie Intérieure, la péninsule de Kii sur l’île d’Honshu au Japon, la dépression du Danakil en Étiopie. Et tant d’autres à découvrir de la Norvège au Brésil.
Et comme l’écrit Jean-Marc Porte : “Balisés ou hors piste, proches ou lointains, solitaires ou remplis d’amitiés, les plus beaux treks du monde sont simplement ceux qui nous ont offert sur terre cette expérience rare et intime d’un effacement et d’un plein mêlés. L’expérience d’une gratitude vécue et éprouvée de notre présence face à la beauté du monde”.
Les plus beaux treks du monde, Jean-Marc Porte, Glénat, coll. Trekking, 208 p., 39, 50 €.
Juste avant la sortie de Labyrinthe 2, nous sommes allés nous aventurer dans le lapiaz des Arres du Soum Couye puis ceux du pic d'Anie, dans le Béarn (Pyrénées-Atlantiques). Un lapiaz est une formation géologique des roches calcaires en forme de ciselures qui peuvent atteindre plusieurs mètres de profondeur. Attention donc aux gouffres et aux roches taillantes !
Restaurée l'automne 2010, cette cabane de la vallée d'Aspe se trouve à 1653 m d'altitude. Elle possède de l'eau à proximité, une cheminée, une batterie de cuisine, une table en bois, des bancs avec tapis, des livres, et deux lits avec couverture.
C'est un superbe belvédère sur les orgues de Camplong. Il ne reste plus qu'à se retirer quelques jours dans cet antre pour mieux vivre la montagne.
Après Osséja, il faut aller plein sud jusqu'au dernier village collé à la montagne, là où la route s’arrête. Valcebollère est un ancien village ardoisiers qui s’est endormi sous le Puigmal, en Cerdagne, dos à l’Espagne. Son cœur s’appelle l’auberge des Écureuils. Patricia et Etienne Laffitte la tiennent depuis 1996. Ils en ont fait un lieu de charme et de tranquillité de 19 chambres exquises, avec ses bains maures couverts, son sauna, sa salle de fitness, son salon de billard cosy, son café ambiance chalet avec baby-foot et surtout sa cuisine fine et copieuse.
Dans cette auberge, où l'on se sent bien, on peut passer sans problème la semaine car elle propose des services de randos pour l’hiver et l’été.
Pour l'hiver, au-dessus de Valcebollère, Etienne a tracé 25 kilomètres de ski de fond à trois niveaux de difficulté et propose 80 kilomètres de rando nordiques sauvages. Il a mis également en place des circuits raquettes et une piste de luge. En voilà autant pour les aventuriers que pour les familles.
L’été, Etienne entraîne les curieux à pied ou à cheval sur les chemins transfrontaliers : qu'ils soient de contrebandiers, de la Retirada en 1939 ou des évadés entre 1940 et 1944. “La personne va s’identifier à un évadé. Je leur fais vivre un moment d’histoire sur les crêtes. Le Royal air force pass traversait par la borne 506 vers Queralbs grâce aux frères Ramonatxo. Mais d’autres passaient par les bornes 505 et 504. Ces cols sont des beaux passages vers la liberté”.
Pétri d’histoire et de culture, Etienne Laffitte milite pour la nature, avec la réintroduction du bouquetin et du bison. “Car c'est une faune qui peut passer l’hiver ici, explique-t-il. C’est une montagne où on veut développer la biodiversité. La vie à la montagne, c’est un ensemble de choses : vie paysanne, vie touristique, écologie…
Etienne Laffitte fait également vivre les murs de la place en affichant tout ce qui a marqué l’histoire du village, quand il possédait six bistrots et 400 habitants contre 50 aujourd’hui. On découvrira ainsi, avec ravissement et étonnement, les poèmes du Catalan Louis Amade, parolier de grands chanteurs comme Gilbert Bécaud.
Auberge les Écureuils, Valcebollère. Tél. : 04 68 04 52 03. www.aubergeecureuils.com
Depuis Bourg-Madame, prendre la direction d’Osséja, par la D 70, puis de Valcebollère.
Mardi 27 septembre 2015. C'est à la cabane de Camplong que les premiers isards sont apparus. Ils sont quatre à nous observer sur la crête juste au-dessus qui nous sépare de la pelouse de la Barlagne. Quand ils traversent, on croirait qu'ils posent pour la pochette d'Abbey Road.
Après avoir louvoyé sous les Tourelles qui rejoignent le Pas d'Azuns, où nous croisons une isarde avec ses trois éterlous, nous prenons pied sur la pente de blocs et graviers en direction du Pas de l'Osque quand nous levons une harde de plus d'une vingtaine de nos antilopes pyrénéennes. C'est beau de les voir dévaler les pentes, le pied si leste et adroit.
