Les poètes s'en vont souvent sans faire de bruit. Cela a été le cas pour notre ami Abdelmajid Kaouah.
Je l'ai rencontré la première en 1996, en l'interviewant pour La Croix du Midi des Pyrénées-Orientales. Il était journaliste algérien, menacé dans son pays, et donc en exil à Toulouse (lire ci-dessous). En 1998, il m'a fait l'honneur de me dédicacer un de ses poèmes, Aube, dans son recueil Le Nœud de Garonne. En retour je lui dédicaçais La mémoire du soleil, un de mes poèmes de Cahier d'un Illusionniste.
Le hasard fait que nous nous retrouvons en 2006, à Cugnaux, dans notre club d'une dizaine de poètes et poétesses : Rimambelle, un vendredi soir par mois, à la bibliothèque, grâce aux bibliothécaires Gisèle, Annie, Patricia, Gilles. Madjid nous impressionnait par son immense culture, son talent, son calme, son humour et sa grande gentillesse.
Journaliste et chroniqueur littéraire pour des journaux algériens (Quotidien d'Oran, du Soir d’Alger (Algérie), Algérie News et d'Alfa (Montréal), Majid est né à Aïn-Taya, près d'Alger en 1950 et mort le 28 juillet 2025, à 74 ans. Il était l'auteur d'un mémoire de maîtrise de Lettres modernes sur la poésie algérienne de langue française. Ses poèmes ont été publiés dans de nombreuses revues : Alif (Tunis), Europe, Poésie première, Phréatique, Helvétiques, etc. Sur sa poésie, le poète Tahar Djaout a décrit : « L'écriture d'Abdelmadjid Kaouah possède un souffle indéniablement épique, quelque chose comme le rythme d'une marche vers une destination où l'homme demeure la préoccupation essentielle. »
Madjid Kaouah justifiait son choix d'expression : «La langue française est au cœur du lien entre l'Algérie et la France. Elle a été et demeure un précieux moyen d'ouverture sur la modernité et l'universalité. Elle se présente comme un remarquable lieu de création littéraire et poétique qui participe activement entre les deux rives au rayonnement de la francophonie dans le monde. La poésie algérienne de langue française en est une brillante illustration. Tantôt ténue, délicate, à l´image des tapisseries traditionnelles, tantôt vive et éclatée, tel un oued en crue, la poésie algérienne de langue française a accompagné les douleurs et annoncé les orages historiques. Par-delà leurs origines ; ces poètes comme leurs héritiers ont fait de la langue française, un outil de dialogue fraternel entre les deux rives de la Méditerranée.»
Toutes nos condoléances à Nacéra, son épouse, et à ses enfants !